Ce slogan de l’union sacrée olympique signé par les présidents des quatre grands groupes parlementaires – UMP, Parti socialiste, UDF et Parti communiste – avait donné le ton de la déferlante organisée comme une propagande d’État. Dans le même temps un consortium de sponsors officiels, le « Club des entreprises Paris 2012 » (ticket d’entrée 1,5 million euros) – comprenant notamment Lagardère, Lafarge, Bouygues, Carrefour, Suez, Accor – anticipant des retours sur investissement, vantait les mérites de « l’esprit sportif », frère jumeau de « l’esprit d’entreprise ». Les chaînes de télévision, les administrations et les entreprises publiques (SNCF, France Télécom, RATP), la Mairie de Paris et l’Assemblée nationale se sont alors mobilisées pour organiser un véritable rouleau compresseur de marketing olympique à coups d’autocollants, d’affiches publicitaires, de panneaux géants, d’illuminations sur les bâtiments officiels. Au mépris de la réglementation sur la publicité, les logos des sponsors pour la candidature se sont étalés sur les grandes avenues de la capitale, y compris en zone de publicité interdite. Et dans une débauche de promesses concernant l’environnement, la fiscalité, l’emploi, les retombées économiques et même « l’éthique » des Jeux, les promoteurs de la candidature ont multiplié les déclarations lénifiantes en oubliant au passage quelques désagréables vérités, à l’instar des 27 millions d’euros qui ont été dépensés pour le seul dossier de candidature et des 2 millions d’euros pour le seul « stade » des Champs-Élysées.
La misère pré- et post-olympique
L’augmentation de l’extrême pauvreté qui touche un foyer parisien sur huit et les formes nouvelles d’exclusion sociale d’une partie de la jeunesse de banlieue (en Seine Saint-Denis, 5 000 mineurs sont sans adresse fixe) doivent faire réfléchir sur les conséquences d’un tel choix politique qui ne peut qu’accentuer la « fracture sociale ». Cette question du gaspillage olympique n’est pas accessoire si l’on compare l’optimisme du Maire de Paris (affirmant que la candidature de sa ville sera « performante, fraternelle, pour la jeunesse du monde entier » et que les Jeux seront « populaires, solidaires, écologiques et éthiques ») avec la réalité des chiffres du chômage, de la précarité et de la paupérisation de la « France d’en bas ».
Entre chômage, sous-emploi, précarité financière des « travailleurs pauvres », c’est entre le quart, au moins, et le tiers de la population, soit 15 à 20 millions de personnes – 7 millions de pauvres et 8 à 12 millions de précaires – qui, pour une raison ou une autre, ont, de façon durable, des conditions de vie marquées du sceau de l’extrême difficulté.
Des jeux, sans doute, mais pas de pain ! L’expérience passée atteste que les Jeux olympiques laissent souvent des ardoises que remboursent évidemment les contribuables. Montréal 1976 a entraîné une dette de plus de vingt ans. Les derniers Jeux d’Athènes ont coûté près de 10 milliards d’euros et laissent un déficit public important. Pour Paris, le budget global des Jeux n’est pour l’instant officiellement évalué « qu’à » 7 milliards d’euros. L’organisation de Paris 2012 devrait tourner autour des 6,2 milliards d’euros (2,2 milliards pour l’organisation et 4 milliards d’investissements pour les équipements). Jean-François Lamour, le ministre des sports, a pris l’estimation haute à 7 milliards d’euros. L’État garantirait « l’organisation » et la « bonne fin » des Jeux pour 2,5 milliards. La ville de Paris a voté, elle, des garanties pour 1,25 milliard et l’Île-de-France à hauteur de 1 milliard.
Mais qui paiera le reste ? On nous répond le privé. Quoi qu’il en soit toute cette gabegie redoublerait l’imposture majeure des Jeux dont la durée est de trois semaines seulement, quand on sait que les sportifs – ces nouveaux humanoïdes bourrés de produits dopants – se mobilisent essentiellement pour gagner d’énormes sommes d’argent (chaque médaille est accompagnée d’un chèque de 40 000 euros). Paris doit-elle devenir la capitale des Jeux du déséquilibre si visible entre misère et richesse ? la capitale du gaspillage olympique ? Où va-t-on cacher les pauvres pendant la fête ?
Les Jeux des dopés
Le mythe des « jeux propres », que les responsables sportifs et politiques rafraîchissent à chaque olympiade, a pourtant fait long feu à l’épreuve des innombrables et sordides scandales qui émaillent l’actualité sportive. Le cyclisme, mais aussi l’athlétisme, l’haltérophilie, la natation, le judo, l’escrime, la lutte, le football, le tennis, pour ne prendre que ces quelques grands sports des jeux d’été, sont régulièrement mis en cause dans des affaires de dopage qui mettent gravement en jeu la santé des athlètes, mais aussi leur vie et ridiculisent les pathétiques gesticulations de la « lutte anti-dopage ». Même les plus hautes autorités sportives, l’Agence Mondiale Anti-dopage (AMA) en tête, sont bien obligées de reconnaître que le fléau du dopage est aujourd’hui industriellement organisé par des filières mafieuses
internationales qui n’hésitent plus à offrir leurs produits sur Internet, mais également par d’honorables centres médicaux ou laboratoires spécialisés, tel le célèbre laboratoire américain Balco, au cour du scandale du nouveau dérivé de stéroïde, la THG, qui met notamment en cause les « méthodes » d’une grande partie de l’athlétisme américain. La compétition sportive entraîne nécessairement la toxicomanie sportive et l’addiction biologique.
La vraie nature du CIO
Le CIO, les sponsors et les médias entendent bénéficier au maximum de l’entreprise olympique qui est devenue une juteuse aubaine pour les groupes industriels financiers et médiatiques qui impulsent cette « fête ». Le CIO qui est devenu une multinationale florissante et peu regardante sur l’origine des capitaux gère la couverture télévisuelle de l’événement dans la seule logique de la « valeur ajoutée » (3,9 milliards de personnes à travers le monde ont eu accès à la couverture des Jeux d’Athènes). Qui peut accorder le moindre crédit aux articles de la « religion olympique » rédigés dans une langue de bois ? « Le but de l’olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’homme en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine ». Qui peut croire un seul instant à la sincérité de l’idéologie olympique quand on dresse la liste des nombreux scandales, affaires, et corruptions qui éclaboussent régulièrement le CIO ? Citons simplement la dernière « révélation » : la présidente du comité organisateur des JO d’Athènes est poursuivie pour blanchiment d’argent. Qui peut encore se laisser duper par la fable olympique quand on examine la composition très démocratique du CIO (des représentants cooptés de lord, prince, princesse, baron, marquis.), ou quand on prend en compte l’histoire politique des Jeux olympiques jalonnée de graves violations des droits de l’homme, non seulement de la part des pays organisateurs, mais aussi des pays participants : « Les principes éthiques » de l’olympisme représentent surtout un parfait alibi pour légitimer l’ordre inique du monde avec lequel le mouvement olympique a toujours pactisé.
Qu’on retienne, pour finir, les propos du baron Pierre de Coubertin, le grand « humaniste » que l’on sait, et ce au moment des JO de Berlin en 1936: « Ils [Les jeux de 1936] ont été, très exactement, ce que j’ai souhaité qu’ils fussent [.]. À Berlin on a vibré pour une idée que nous n’avons pas à juger, mais qui fut l’excitant passionnel que je recherche constamment. On a, d’autre part, organisé la partie technique avec tout le soin désirable et l’on peut faire aux Allemands nul reproche de déloyauté sportive. Comment voudriez-vous dans ces conditions que je répudie la célébration de la XIe Olympiade ? Puisque aussi bien cette glorification du régime nazi a été le choc émotionnel qui a permis le développement immense qu’ils ont connu. » (L’Auto, 4 septembre 1936).
music
Non aux Jeux olympiques, non à Paris 2012 ! | Collectif Anti-Jeux Olympiques | CAJO
Rétrolien par music — novembre 6, 2014 @ 8:02
ipas
Non aux Jeux olympiques, non à Paris 2012 ! | Collectif Anti-Jeux Olympiques | CAJO
Rétrolien par ipas — novembre 9, 2014 @ 3:50
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